Sardaigne octobre 2018. Pas si bleu, pas si chaud, mais si bon !!

Contrairement à l’année dernière où nous avions cuit sous tous les angles et sur toutes les faces, octobre 2018 est né sous le signe de l’eau. Le signe de l’eau est cancer, scorpion et bien entendu poisson. Moi qui suis né sous un signe d’air, j’avais été prévoyant. J’avais emporté dans mes bagages, friends pour le trad, dégaines en masse pour les voies équipées, quelques cordes de différentes longueurs et cachés dessous cet amoncellement de matériel, un masque, un tuba et des palmes. Pour me baigner, pour nager dans une mer turquoise, verte et bleue. Bleu méditerranéen. Ce fameux bleu qu’on vend en agence de voyage à un prix exorbitant quand tu dois te réveiller chaque matin avec la mer et ses vagues pile sous ta fenêtre. Bleu carte postale, quoi !!

Si ce fameux bleu n’est jamais vraiment venu, nous ne l’avons pas recherché plus que cela non plus. Grimper au soleil n’est jamais une sinécure. Nous avions en mémoire 2017, les prises poisseuses, les chaussons brûlants et les retours nocturnes à la frontale pour éviter l’acide des rayons solaires. On peut grimper en hiver, à l’automne, au printemps, sous les dévers lorsqu’il pleut. Attendre l’accalmie. Le calcaire sèche plus vite qu’un trailer de l’UTMB après une nuit passée sous la pluie du Val d’Aoste.

Le soleil c’est le signe des vacances des plagistes, des juillettistes, des baignistes, des plongistes, des gens tristes qui s’accumulent en enfilant leur maillot. Du sable plein la bouche et des glaces vanille fraise par dessus. Le soleil, lorsqu’il se voile, prend le temps à reculons. Il défie l’heure et les grimpistes. Il joue à cache cache et force le mouvement. Sortir à tous prix. Même au prix exorbitant d’une vue sur mer et soleil couchant. Le soleil donne. A qui sait payer le prix. Octobre 2018, nous avons été servi. Les dépressifs quittaient l’île aux rythmes des dépressions. Nous étions sous Xanax, sous Lexomil, sous Tranxene. Tout en même temps, tous les jours durant. Est ce pour cela que nous sommes restés ? Ou est ce simplement par envie de grimper goutte que goutte ?? Car au final, la pluie tombait là où on ne l’attendait pas et comme par hasard, jamais sur nous et nos pilules du bonheur. Grimpeur, c’est un métier, jamais un sacerdoce.

Un air jamais trop exprimé me venait souvent en tête. Il vaut pour toutes mes voies empruntées, mes chemins détournés, mes impasses. Tous ces coups de cœur et mes coups du sort. Il vaut pour mes rencontres et mes désaccords. J’aime fredonner en silence lorsque le temps défile et les nuages s’amoncellent. Puis disparaissent. J’aurai dû mourir cette fois. Et la Sardaigne aurait été mon dernier repas sur terre. Je ne sais pas comment un signe d’air peut devenir vent ? Je ne sais même pas comment le courant m’a projeté ni comment le rocher est passé. Quelle main m’a poussé. Poussé si fort que le bloc, gros comme un cheval mort, a poursuivi son chemin. Écrasant tout sur son passage. Là ou j’étais une seconde plus tôt. Écrasant tout sauf moi. Ce n’était pas mon heure sûrement.
Nothing Else Matters, les amis, les amies. Oh oui, Nothing Else Matters !!

Puis comme l’heure du bilan Sarde est venu, voici pour ceux qui désirent se rendre sur place, de quoi préparer leur rock-trip sur l’île aux trésors grimpant.

Le ferry d’abord. Au départ de Toulon avec Corsicaferry. Nous étions deux avec une voiture. A/R 152€
Prix du gas-oil entre 1.54€ et 1.62€ en fonction des stations services. Le plus cher à Cala Gonone, le moins cher sur la route après Sassari.
Nous avons séjourné à Cala Gonone durant nos quinze jours sur place.


Appartement au bout du bout du port. Calme avec vue sur l’horizon et les falaises. 800€ pour cinq personnes pour quinze jours. Chez Pietro Loi : pii87@hotmail.it

L’île étant assez grande et les routes sinueuses, le plus simple est de chercher aux alentours de quoi s’amuser. Le plus loin que nous ayons grimper est à 2h de voiture.

Question escalade et approches. Il y a un vrai problème. Les topo sont parfaits niveau photos mais question approches, c’est totalement incompréhensible. Le mieux est d’avoir de la marge ou de repérer la veille lorsque c’est possible. C’est vrai pour Monte Oddeu et ses grandes voies, Onifai et ses grandes voies en trad, pour la falaise de Bushi Arta, la grotte de Millénium et ses falaises de bord de mer, en ce qui nous concerne. Le mieux est d’avoir son GPS à jour, un carte routière et les trois guides si dessous, certaines approches étant aussi des randonnées.

– Grandes voies grimpées :

1/Bang Boom Bang (Monte Oddeu) 200m, 6b max
2/Compagni di Viaggio (Monte Oddeu) 210m, 6a+ max, Friends conseillés BD 0.75, 1 et 2.

3/Bionda Sardegna (Onifai) 120m, 6b max. Trad. Friends BD jusqu’à 3.

4/Easy Gymnopedie (Cala Goloritze) 140m, 6b max.

5/Deutch Wall (La Poltrona) 175m, 6c max

Falaises :

1/ Falaise de Bushi Arta (à côté de Cala Gonone)

2/ Falaise de S’Atta Ruja (Dorgali)

3/ Falaise de Monte Bonacoa

4/ Falaise d’Arcadio (Cala Gonone)

5/ Falaise de La Muraglia (Sassari)

Lorsque vous rentrerez. Lorsque le port de Porto Torres vous ouvrira les portes du ferry retour. Prenez le temps de vous poser un peu. Garez votre voiture sur le port.

Arrivez un peu en avance. Puis remontez la rue piétonne du centre ville qui est presque le centre port. Posez vos fesses sur la place animée lorsque la nuit tombe. Il fera doux encore. Laissez vous tenter par une dernière pizza. Le prix minuscule vous incitera à en prendre peut-être deux.

S’il vous reste de la place, laissez vos pas vous guider. Ou la façade d’un glacier bien évidente. Car là, vous trouverez qu’une petite pluie délicate peut bien venir perturber une heure ou deux de votre voyage. En glissant votre langue sur le monticule gelé qui dégouline sur votre main, vous vous direz… Vivement l’année prochaine que je revienne en Sardaigne.

Toutes les photos ici.

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