De Jurassik Park à Anecdotes. Entre Vercors et Chartreuse, mon cœur balance !!

Avant de prendre le ferry pour la Sardaigne, un petit week-end avec ma miss est nécessaire pour caler notre cordée en vue de notre roc-trip méditerranéen. On est connu pour remplir l’air de nos cris durant une ascension. Madame tire aux paires et monsieur n’aime pas ça. Monsieur dit à madame,« Grimpe ou au moins essaie ! », ce qui a pour effet de voir madame crier « SECCCC ! SECCC ou je coupe la corde !! ». Et ainsi vont les cris et les longueurs, au grès des pas faciles ou difficiles. Madame grimpe très bien jusqu’à 6b+. Pour lui faire plaisir, je lui dépose délicatement des étriers dans les passages les plus délicats. Comme on dépose un baiser dans le cou d’une femme, une coulée de crème fraîche sur quelques fraises bien mûrs. Mais rien n’y fait. Dès qu’il faut forcer, je la perds. Parfois je la retrouve. En vrac !! Toute rouge de colère. Alors je me fais tout petit et bricole un relais béton. Pour que madame soit rassurée. En attendant, toute la falaise sait qu’on est là. Et cela fait 30 ans que ça dure !!
Pour cette fois, j’ai choisi de la jouer cool. Une voie à l’ombre dans les gorges des petits goulets. On commence par remonter une rivière les pieds dans l’eau au fond d’un canyon franchement sauvage. Puis après, c’est droit au dessus de la tête. Jurassik Park vaut le détour. Si la première longueur en 6b pique vraiment, le reste de la voie déroule dans des trous et des trous et des trous. Un vrai régal.





Après une nuit au col du coq, en Chartreuse, nous sommes fin prêt pour accueillir nos copains grimpeurs/parapentistes. Le jour se lève et nous voilà réunis autour d’un panneau indiquant que le vol libre est interdit ce week-end. Coupe Icare oblige. La France a déjà sa coupe du monde, notre copain Denis une super coupe de cheveux, manque plus que cette coupe là pour remplir notre étagère de trophées inutiles.


Qu’à cela ne tienne, on ne fait pas autant de kilomètres pour regarder le monde en vol. Un peu comme si les oiseaux nous chiaient dessus en hurlant que le ciel leur appartient. Faut pas déconner !! Dans vol libre il y a LIBRE !! Les parapentistes connaissent le Français aussi bien qu’un footballeur de Seine Saint-Denis. En tous cas, ils courent aussi vite. Il y a une heure de marche pour arriver au pied de la voie. Direction la face sud ouest. Cette face à l’ombre jusqu’à 13h l’été, est très souvent parcourue par une bise bien fraîche. Un joli piège à onglées.

La voie Anecdotes peut sembler facile lorsque on regarde les cotations sur le topo. Mais comme souvent en Chartreuse, le rocher compact à souhait donne du fil à retorde à ceux qui ne savent pas poser les pieds en adhérence. Et c’est pas parce que nos potes ont des voiles, qu’il faut s’autoriser à voler.


Après trois heures de grimpe, le soleil nous accueille au sommet de la dent de Crolles. Je cherche Lionel Tassan, le maître de lieux. Étrangement, il n’est pas là. Par contre, il y a du monde pour voir passer la patrouille de France. La coupe Icare rode. Il faut faire en sorte de ne pas se faire remarquer.

Pascal et Pierre déplient leur voile. Un léger vent de nord glisse sur le sommet. Déjà Pierre s’envole. Il ne lui a pas fallu plus de dix secondes pour s’élever dans le ciel. C’est splendide à regarder.

C’est maintenant au tour de Pascal. Un coup de vent plus tard et le voilà lui aussi parmi le grand bleu à tanguer au fil des ascendances.

Quand à nous, pauvres terriens, nous devons descendre par la voie de la sagesse ou la voie normale. A pieds !! Avec cordes, mousquetons et autres babioles estampillées escalade. Dans vol libre, s’il y a bien libre il y a aussi chauffeur/porteur. Sans quoi le vol libre verrait sa population aérienne se transformer en auto-stoppeurs misérables sur le bord des routes.
– Allo ma chérie !! Peux tu venir me récupérer à Grenoble ? Mon chauffeur s’est barré avec sa voiture et tout son argent. Je n’ai plus que mon pouce et toi dans la vie. Je t’aime !!
Comme quoi, être en couple ne tient pas à grand chose…

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