La 400ème !! Saison cascades de glace 2018/2019

Je suis au pied de « Méfiez-vous des Houziers » au fin fond du vallon du Diable. Olivier, à qui j’ai dis il y a un quart d’heure que nous allions faire une deuxième cascade aujourd’hui, commence à regarder à gauche une cascade bien facile. Trop facile !! Pour ma 400ème cascade de glace, je ne veux pas jouer dans la cour des petits bras. Je veux voir plus grand. En 1993, François Damilano au sommet de sa forme, ouvrait en compagnie de Philippe Pibarot, Nathalie Martin-Jarrand la compagne de Godefroy Perroux et Paulo Grobel, cette ligne qui semble de loin bien modeste mais qui, une fois à sa base, dévoile toute sa difficulté. C’est raide. C’est fin. C’est haut. C’est loin. C’est donc loin d’être une ligne facile. Il y a une heure nous sortions « Les Cloches de L’enfer ». Hell Bells au dernier relais accompagnait les derniers encrages de mon ami Olivier. Il venait de terminer ma 399ème ligne gelée. Toutes ces années passées à remonter des vallons enneigés aux quatre coins du monde pour finir dans ce coin que je connais tant. Que je connais par cœur !!

Ici je me suis gelé les orteils, ici je me suis changé à l’arrière d’un fourgon pétrifié par le froid des anciens hivers, ici j’ai vu le sang inondé la cascade délivrance, ici encore j’ai grimpé au soleil des lignes qui ne gèleront certainement plus jamais, ici enfin j’ai ouvert avec l’ami Badin, mon mentor de l’époque, deux cascades qui ne voient jamais l’ombre et que vous ne verrez sûrement jamais. « Garatata » et « So Good, So Bad, hein ! ».
Quatre cent !! C’est quand même pas rien. Mes cheveux blancs n’ont pas altéré l’envie. Mes rides se sont mélangées aux cicatrices, vestiges de bout de glace venues du ciel. Ce ciel aujourd’hui bien bleu. Comme je suis bien dans ce vallon ! Un peu comme chez moi. Le ciel au dessus de ma tête et sous mes pieds, caché par la neige, le Diable. Ici l’enfer n’existe pas. Nous sommes simplement au paradis.
Je commence à grimper. L’houzier du coin se cache dans un recoin de la glace très raide au dessus de ma tête. Et c’est vraiment raide. Il faut dire que c’est du 6. J’attaque sans le savoir ma cascade la plus dure de la saison.

« Méfiez-vous des Houziers » au centre

Bientôt le printemps aura fait fondre la glace. Certains se réjouiront du soleil chaleureux. Certains verront dans la venue des premières chaleurs le besoin de se découvrir la peau et de se couvrir de crème bien grasse. Moi, je verrai le deuil de l’hiver. Je verrai encore un peu plus l’urgence de retrouver la glace dans le froid d’un hiver lointain. Je ne sais pas de quel bois je me chauffe ? Par contre je sais de quel feu je me nourris. Celui d’un petit diable au fin fond d’un vallon du même nom.

Je ne suis pas venu de la saison, alimenter mon blog en nouvelles bien fraîches. Il existe désormais une page consacrée aux cascades de glace un peu partout en Europe. Il y a des grimpeurs prolifiques qui alimentent le site aux grès de leurs sorties. Sans eux pas d’infos. Merci à tous !!
https://www.facebook.com/groups/AlpsConditionsForIceClimbing/?multi_permalinks=2380235841988986&notif_id=1551546243267696&notif_t=group_highlights

Quand à ma saison de glace, voici en photos le résumé :

Cascade des Gorges (Taillefer)

Goulotte Grassi (Bessans. Hte maurienne)

Le Fer de Lance (Pesey Nancroix)

Revernote (Bessans. Hte Maurienne)

Cascade de Praz Boson (Cormet de Rozelend)

Cigare des Boisses (Tignes/Brevière)

Le Goûter des Officiers (Orel. Maurienne)

Fille ou Garçon (Chichilianne)

Les Cloches de L’enfer (Oisans)

Méfiez-vous des Houziers (Oisans)

L’écume des Jours (Oisans)

Le Doigt D’Astaroth (de gauche)

Et c’est peut-être pas terminé !!

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