Faut pas croire ceux qui disent qu’un bon décalage horaire permet de remettre les idées en ordre. C’est comme un puzzle renversé au sol. Fatalement il manquera quelques pièces essentielles pour la compréhension de l’image finale, visieusement glissées sous le canapé. Ben là, aujourd’hui à Canmore, dans l’Alberta, c’est exactement ça. Le son en moins. Ni l’image, ni le son. Je suis un puzzle d’un mètre soixante treize, à qui il manque des pièces. Et pas des petites. Il faut dire que je me suis inscrit à un club de vacances pas spécialement dédié à la construction de puzzle. Plutôt à la confection d’une arme de destruction massive spécialement conçu à la pulvérisation de la glace. Ce cocktail explosif à base de muscles possèdent un boss, Jeff Mercier, un guide photographe, Mathis Dumas, un moniteur d’escalade/canyon, Pierrick Fine et enfin un jardinier proche de la retraite… moi.
Il fait tout juste jour. À peine nuit. Le matériel se tasse et s’entasse au fond de nos sacs. Le puzzle commence à se mettre en place doucement. Un peu de route, très peu de marche d’approche et nous voilà arrivé 3h plus tard, au pied de Weeping Wall. Le mur de glace par excellence. En 1999, j’avais en compagnie de Philippe Pibarot, grimpé pour la 1ère fois ce grand rideau de glace. Le temps est passé depuis. C’est la 3ème fois ce matin que je me retrouve ici. Mais comme l’équipe est au top, on va essayer de monter au dessus du premier ressaut. Tenter Upper Weeping Wall ou une de ses voisines.
Lorsque la nuit pointe son nez, que la neige en fin flocons tombe doucement, je regarde Pierrick mon compagnon de cordée et lui glisse l’idée de commencer à redescendre. Objectif presque réussi. Le presque c’est le rideau final qui nous nargue et que Jeff et Mathis termine de grimper. Des abalakovs à faire encore. Rien de bien facile lorsque les pièces du puzzle, glissées sous le fauteuil reste introuvables. Un abalakov c’est la pièce maîtresse de la vie lorsqu’on est pendu dessus…
Photos GG et Mathis Dumas photographe.
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Ice Nine 