Ice Climbing Écrins 2016. L’appel de la glace mais le bruissement de la poudre.

Mon dernier séjour à l’ICE remonte à quelques années maintenant. Une époque où les Canadiens côtoyaient les Slovènes devant la liste des cascades en conditions laissée chaque soir par Gérard Pailheret lui même, sur le tableau d’affichage du boulodrome. Quelques Écossais pouvaient boire à la santé de l’Angleterre et partager une table avec deux ou trois Russes ayant franchit le rideau de fer. Un temps lointain maintenant où de jeunes grimpeurs émerveillés regardaient les maîtres de la discipline remettre aux participants du rassemblement, quelques maigres lots donnés par un ou deux sponsors généreux. je revois les Damilano, Perroux, Lafaille, Renault et tant d’autres, entassés dans le hall de la piscine comme dans un aquarium. Et nous, avec nos yeux de poissons rouges, gobant chaque mot, comme si nos futurs brochages en dépendaient. On appelle cela de la nostalgie. Et la nostalgie n’est jamais une bonne chose si on veut regarder plus loin que le bout de son piolet.
Tandis que de fins flocons traversent les phares de notre voiture floquée Adidas, j’essaie d’oublier le passé en regardant la nuit nous engloutir. Au compteur, la température est descendue en flèche en quelques heures. -12°, rien que ça. Nous sommes au village du Casset. Dans les rues étroites, il ne manque que les loups pour se sentir loin des hommes. Le bonheur est à porté de main. Il suffit de tendre le bras dehors pour voir se déposer dessus, tout l’or du monde. L’or blanc. La lueur orange d’un réverbère nous indique l’entrée de notre logement de la nuit. Quelques titres de Saint-Exupéry me reviennent en mémoire. Terre des hommes en premier. Puis vol de nuit. Rien à voir avec le lieu. Seuls les titres me rapprochent de l’aviateur. Si dans les ruelles à peine éclairées, aucun loup ne se pointent, peut-être aurais-je la chance de croiser le regard d’un renard. Il me dira.
– Va revoir l’ICE. Tu comprendras qu’il est unique au monde. Puis tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d’un secret.

20160113_200551

Jour 1:
Jour blanc et risque 4 avalanches. Autant sortir un flingue et jouer à la roulette Russe. Sauf pour François, qui, en fin connaisseur des lieux, nous embarque dans une randonnée en forêt avec en perspective, un gavage en règle de poudreuse.

GG et François au Lauzet
François remonte la gorge du ...
Essai 5
François 1

Jour 2:
La pire journée de ma vie de skieur. la température a encore chuté de quelques degrés et le vent violent arrache la neige des hauts sommets alentours. Dans le monde parfait du préfet des Hautes Alpes, aucun skieur digne de son touché de spatules n’oserait sortir ses planches. Vraiment aucun. Dans ce monde idéal, gorgé de plaques à vent, aucun préfet n’oserait sortir dehors. C’est sur ce principe de base que mon ami François décide de sortir… son téléphone.
– Allo Rogier !! Tu vas skier aujourd’hui ?
Connaissant l’animal, je sais déjà qu’en téléphonant à son pote, qu’il a plusieurs idées derrière la tête. Mais une seule suffira pour aujourd’hui.

Essai 2
Essai 6
unspecified
unspecified (2)

Pour voir toutes les photos de cette fabuleuse journée, rien ne vaut un tour sur le site Wepowder, tenu par Sandra. Un merci ultime à Rogier Van Rijn pour sa connaissance de la neige et sa gentillesse extrème.

Jour 3:
Dans le rassemblement de l’ICE, il y a le mot ICE. Ce qui en Anglais veut dire, glace. Bon, tout le monde sait ça. Même à Tataouine, on sait que ICE veut dire glace. Alors dans le 05 !!
On est déjà le troisième jour. Au troisième jour, Dieu a créé la femme. Mais il a aussi créé la glace. Et même si cette année, la glace et Dieu déconnent tous les deux, on va pas rester au lit à dessiner des moutons toute la journée, meeerrdddeeee !!
Aujourd’hui c’est à mon tour de décider ce qu’on fait. Et aujourd’hui on fait glace. Pour cela, on rejoint le très joli village d’Aiguilles et ses bottes de foin, en plein cœur du Queyras. Il y a ici, un site artificiel susceptible de plaire à François. Et à moi aussi le cas échéant. Sur place, le monde s’entasse à l’occasion du rassemblement. Mais ce n’est pas bien important car il y a de la place pour tout le monde. En temps normal, ce site est exploité par l’office du tourisme d’Aiguilles et par le « maître des lieux », Pascal Giraud. Voir le lien ici.

DSC00224

Ne concevant la cascade de glace qu’en tête, je prends mon mal en patience en grimpant des lignes de dry tooling marquées à la peinture comme à l’Usine. Puis vient le moment de mettre un crampons devant l’autre. Sous l’appareil photo et l’œil avisé de Julien Ferrandez, photographe professionnel.

DSC00243
20160116_122053
Gerald-Aiguilles-6
Gerald-Aiguilles
Gerald-Aiguilles-7

L’ICE étant aussi un salon dédié à la pratique de la montagne, c’est sur notre stand Adidas que bons nombres de très forts grimpeurs Français viennent se retrouver chaque après midi pour parler chaussures, vestes gore-tex mais aussi projets de courses et cascades de glace en compagnie de François Kern, grand spécialiste de la marque aux trois bandes.

DSC06752

Il me reste enfin à parler du contest de dry tooling, point d’orgue du rassemblement de l’ICE 2016. Le samedi, tandis que bon nombre de glaciairistes prenaient le chemin des quelques sites en conditions, certains autres, compétiteurs dans l’âme, allaient serrer les manches de leurs piolets dans des voies spécialement préparées pour l’occasion. Le soir venu, tout ce beau monde est venu s’affronter une dernière fois sur le mur d’escalade de l’Argentière La Bessée dans une finale de toute beauté. Merci à l’ICE 2016 et aux organisatrices et organisateurs pour ces beaux moments de sport et de partage.

20160116_195440
20160116_195728
20160116_200002
20160116_210252

Il me reste à retrouver le renard sur le chemin du retour afin qu’il me donne en cadeau son secret.

Laisser un commentaire