Lorsque j’ai pris la tangente un matin de février, la nuit parcourait son chemin et la lueur des réverbères s’amusait du bal des lucioles. Il y avait là, courbés sous le poids des sacs que l’on chargeait dans le coffre de l’auto, mes troubadours de la glace, mes conteurs d’histoires gelées, mes compagnons de longues haleines. Pour ceux là, je donnerais beaucoup. Mes heures nocturnes et mes jours de chagrin estival, lorsque le soleil dit bonjour à la lune et tourne le dos à l’hiver. A ceux là, je tendrais la corde entre nous ou la laisserais voler à la brise glaciale d’un vallon étroit, pour que jamais la peur ne vienne dénuder nos âmes frigorifiées. Car l’aventure que nous aimons vivre peut conduire le long d’une route rectiligne ou, par un hasard malencontreux, tourner aussi court que la vie d’une abeille.
La route. Lost souls in revelry, Running wild and running free, Hey, hey hey hey, Living like we’re renegades !! La route c’est ça.
Depuis mon aventure Canadienne de novembre dernier, où conduire et grimper fut mon quotidien, de l’eau est passée sous les ponts. Beaucoup d’eau. Entre temps cette eau s’est transformée en glace et me voilà sous un tunnel, celui du Mont Blanc, pour rejoindre le Val D’Aoste, le pays des gens gentils, le pays des gens bons !! Là au moins, pas de règle pour marcher, approcher, uriner ou grimper. Pas d’Ayatollah Red Bull ni de groupuscule menaçant. Rien !! La liberté de grimper partout et tout le temps.
Le Cervin depuis le Valtournenche
Le Val D’Ayas à la tombée du jour
La route. Like a true nature’s child, We were born, born to be wild, We can climb so high, I never wanna die
A fond ! Jusqu’au premier radar fixe. Enfin, celui qui a fini par nous prendre en photo. Avant celui là, on roulait peinards. On doublait les lanternes rouges en chantant Roxane du groupe Police. On doublait les Fiat Panda comme on enfonçait les doigts dans du beurre mou. Puis le flash est apparu dans nos vies. Surtout la mienne. Et depuis ce jour là, j’ai découvert les vertus du prix exorbitant du litre de gas-oil et mieux encore, l’aiguille de mon tableau de bord collé à 110 sur l’autoroute et à 50 sur la totalité des routes du Val D’Aoste. Mais quelle rigolade !! On avait croisé des tas de boites, de nuit comme de jour. Toutes oranges. Orange poubelle !!
La route. E siamo montagne a picco sul mare,
dal punto più alto impariamo a volare,
poi ritorniamo giù
lungo discese pericolose
senza difese.
Ritorniamo giù
a illuminarci come l’estate
che adesso brilla
com’era il mondo prima di te
Bercés par la musique Italienne, nous roulons. Jour après jour. Retour de nuit aussi. Nous remontons le serpent sinueux de l’alpe. Tantôt par monts, jamais par vaux, entre deux eaux gelées. Et nous grimpons. Mes troubadours des glaces à mes trousses. Partout où le soleil nous laisse aller. Partout où le ciel azur danse sur la terre comme aux cieux. Heureux d’être là !!
Cascades du Val D’Ayas
Cascade du Valtournenche
Cascade du Val di Gressoney
Pattinaggio Artistico Direct
La route. Nous rirons encore d’une poubelle orange posée comme un radar malicieux. Nous descendrons de la cime d’une cascade. Le dernier rappel terminé. Encore une journée au paradis. La nuit approchera et comme d’habitude nous ferons la fermeture d’un vallon perdu. Là, en bas, il y aura un bar ou une petite boulangerie. Italienne cela va de soi. Nous ouvrirons la porte sous la lumière diffuse d’un réverbère. Lumière orange comme il se doit. Nous nous assoirons autour d’une table en bois. Quelqu’un viendra. Demandera en Français, ce que nous voulons boire ou dîner.
A l’unisson nous dirons, BIÈRES !! Ainsi va la vie en Italie.
Retour du Val D’Aoste. Vallées parcourues :
Val di Gressoney avec quatre cascades grimpées dont Cigar Horror, Gou-Lys, Cascata A Y et Cascata di Punta Jolanda.
Cogne. Valeille avec Cold Couloir et Pattinaggion Artistico Direct.
Val Tournenche avec Miroir de Glace et Grotta di Perreres
Val D’Ayas avec Cascata di Destra Dell’Alpe Cortoz
Ice Nine 